Jean Laurenceau. Peintre.

A l'écart d'une peinture abstraite que guette l'académisme en cette fin de siècle, peu soucieux d'une esthétique figurative où l'objet court le risque effectif de faire de la figuration, la peinture de Laurenceau est un art fait de tension avec son sujet.

Préférant à la recherche d'une identité par la figure, sa peinture veut d'abord s'assumer comme un geste, patient et souple.

Point de "nature morte" ici ni couronnes, donc ! Point d'expressionnisme où la volonté du peintre, seule souveraine, laisse sur le support des objets immobiles, des visages réduits à leur plus simple expression ou des paysages que ne hante plus leur propre apparition.

Le sujet a une existence propre, une forme, et qui résiste.

Laurenceau commence un travail de captation, un jeu où le sujet est invité à conquérir un espace qui naît de lui, à apprivoiser cette lumière qui le nimbe, à occuper un topos unique qui soit de sa propre émanation, lieu d'où notre regard puisse le saisir dans son unicité, notre pensée le réfléchir dans sa complexité, et qu'à l'issue d'un travail en tout point achevé, la nature vive dans sa peinture.

Jean Attali